Photo antérieure aux travaux de réaménagements portail et environnement
Avant
la révolution de 1789 la plupart des actes de l'état civil mentionnent que les
personnes «ont dit ne savoir signer». Il n'y avait probablement pas d'école
à la Lande Chasles.
Pourtant une ordonnance de Louis XIV,
en 1768 disait: « Nous voulons qu'il soit établi des maîtres et des maîtresses
d'école dans toutes les paroisses pour instruire les enfants de l'un et l'autre
sexe des mystères de la Religion, les conduire à la messe, comme aussi pour
apprendre à lire et à écrire ». Il est vrai que l'état monarchique ne
participe pas de ses deniers à l'enseignement du peuple.
La Constituante n'a pas le temps de faire autre chose que de poser, par
la voix de Talleyrand, le principe d'une instruction publique commune à tous
les citoyens, gratuite à l'égard des parties d'enseignement indispensable à
tous les hommes et destinée à faire «en les préservant de l'ignorance, des
hommes plus heureux et des citoyens plus utiles».
Un décret de 1791 ayant astreint professeurs et instituteurs au serment civique
et un autre décret (18 août 1792) ayant supprimé toutes les corporations et
toutes congrégations séculières, même celles vouées à l'enseignement, le
nombre des maîtres diminue.
La Convention avait pensé rétablir l'enseignement élémentaire gratuit
et obligatoire (projet d'éducation nationale, présenté par Daunou, voté le
25 octobre 1795). Pratiquement à la Lande Chasles, comme dans tout le reste de
la France, rien ne fut fait.
La Loi Guizot (1833) oblige toute
commune à entretenir une école et tout département une école normale
d'instituteurs.
Il faudra attendre 1862 pour que la Lande Chasles ait son école, ainsi
qu'en témoigne la délibération du Conseil Municipal, régulièrement assemblé
sous la présidence de l'adjoint en vertu de la lettre de M. le Sous Préfet en
date du (?) mars dernier, relative à l'établissement d'une école communale émet
à l'unanimité l'avis qu'une école soit fondée au village de l'Aireau, qui
contient, une vingtaine de maisons, la principale agglomération d'habitants et
dont la situation salubre, à peu près centrale, d'un accès facile, offre à
la population des avantages évidents. Il autorise le maire à louer une maison
au dit village, appartenant au sieur Legros ( M. Royer Robert propriétaire de
cette maison en 1970 ) renfermant 2 pièces de 30 m de superficie chacune,
laquelle a été trouvée convenable après appropriation par M. L'Inspecteur de
l'Instruction Primaire. Les travaux d'appropriation seront détaillés dans le
bail à passer avec le propriétaire. Il émet le vœu qu'une institutrice laïque,
pouvant diriger des enfants des deux sexes, soit mise à la disposition de la
commune le 1er novembre 1862. Enfin, le Conseil, en présence de l'insuffisance
des revenus de la commune, prie M. le Préfet de lui obtenir le prix entier de
la location. La délibération est approuvée le 3 juin par la préfecture.
En louant une maison pour l'établissement de la première école
communale, la commune suivait les conseils donnés par le préfet dans sa
circulaire du 29 juillet 1833 relative à l'exécution de la loi Guizot.
A cette époque, l'instruction primaire élémentaire comprend nécessairement
l'instruction morale et religieuse, la lecture, l'écriture, les éléments de
la langue française, et du calcul, le système légal des poids et mesures (loi
Guizot de 1833 titre premier, article 1). L'école n'est pas laïque mais
"le vœu de pères de famille sera toujours consulté et suivi en ce qui
concerne la participation de leurs enfants à l'instruction religieuse (Loi
Guizot titre 1er article 2). L'instruction primaire est publique ou privée (id
art 3). «Il sera
fourni à tout instituteur communal: 1°un local convenablement disposé, pour
lui servir d'habitation et pour recevoir ses élèves, 2° un traitement fixe
qui ne pourra pas être moins de 200 fr. pour une école primaire» (id art 12).
L'école n'est pas gratuite. Chaque élève doit payer une rétribution
scolaire. La circulaire du préfet (20 juillet 1833) prévoyait que
l'instituteur «demeure toujours libre de faire avec les parents des élèves,
quand au paiement en denrées de cette rétribution, les conventions que d'un
commun accord ils croiront devoir adopter». Cette circulaire dit aussi que «les
conseils municipaux auront à dresser l'état des élèves qui devront être reçus
gratuitement à l'école primaire». Une autre circulaire (30 septembre 1867)
invitait le maire à se «concerter sans retard avec M. le Curé ou desservant
pour la désignation des enfants auxquels l'instruction primaire doit être donnée
gratuitement». Cette liste qui devait être soumise à l'approbation du Conseil
Municipal, ne devait «comprendre que les enfants dont les parents sont réellement
dans l'impossibilité d'acquitter la rétribution scolaire».
Ainsi, dès 1862 était établie une liste de 15 enfants des hospices et
de 9 enfants de la Lande Chasles admis gratuitement à l'école. Cette liste
porte les signatures de M. Roussiasse, maire et M. Vallet, curé. Elle est en
outre contresignée par le secrétaire général de la préfecture.
L'école n'est pas obligatoire.
La Loi Guizot prévoyait un contrôle
de l'école «Il y aura, près de chaque école communale un comité local de
surveillance composé du maire ou adjoint, président, du curé ou du pasteur et
d'un ou plusieurs habitants notables désignés par le comité d'arrondissement»
(titre 4, art. 17). "Il veille à la salubrité des écoles et au maintien
de la discipline. Il s'assure qu'il a été pourvu à l'enseignement gratuit des
enfants pauvres». (titre 4,art. 17).
Un cour d'adultes existait le soir ainsi qu'en témoigne la délibération
du Conseil Municipal du 6 novembre 1869 qui demande que cette classe du soir
soit "gratis et reconnue d'utilité publique avec le titre d'école
communale.
Malgré cela il y a encore beaucoup d’illettrés .Ainsi le 13 mars
1887, le conseil municipal constate « que la veuve Simon, ne sachant ni
lire ni écrire, est incapable de continuer son commerce sans l’aide de son
fils Jean Baptiste et demande que celui-ci soit exempté de service militaire.
En 1905, trois conseillers municipaux ne savent pas signer et l’une des
signatures est celle d’un débutant. Jusqu’en 1919, on trouve des
conseillers municipaux ne sachant pas signer.
En
1873 la commune décide la construction d'une mairie école.
Le 28 février 1873 le
conseil municipal décide que « le conseil général doit être mis en
demeure de statuer sur la rétrocession indispensable à la commune de la Lande
Chasles d’une parcelle de terrain (Pâtis des 4 vents n° 105 S.B. détachée
par la route n° 12 de l’ancienne lande du moulin, cadastrée sur la commune
de Cuon, considérant que le seul endroit où il puisse être construit une
marie école) dépendant anormalement de la commune de Cuon » dont il prie
le conseil municipal « à bien vouloir condescendre à sa demande ».
Cette nouvelle demande étant restée sans effet, le Conte Louis Raymond de l’
Estoile (maire) essaie d’obtenir une rectification des limites de la commune.
Les démarches entreprissent pour obtenir une rectification des limites
de la commune n’ ont pas abouti. (on n’en trouve aucune trace sur le
registre des délibérations de la commue de Cuon).
Le 14 février 1875, le conseil municipal considérant que le maire offre
gratuitement un terrain avec la condition formelle de servir uniquement à la
construction d’une mairie maison d’école, sans aucune compensation en
argent ou en nature, mais avec la seule réserve du droit de rachat au prix fixé
par expert et qui ne saurait dépasser sous aucun prétexte la somme dépensée
et soldée à l’entrepreneur dans le cas où l’immeuble serait distrait de
sa destination et mis en vente, considérant l’arrêté de M. le Préfet en
date du 4 décembre 1874 qui charge le
maire de toutes les mesures exécutoires est d’avis de solliciter
l’autorisation pour le maire
naturellement empêché, de faire accepter et contresigner la donation par
l’adjoint M. Michon Frédéric. L’acte de donation entre vifs établi par Me
Goupil, notaire à Baugé est signé le 5 mars 1875. Le 4 avril, le conseil
municipal accepte définitivement la donation.
En 1876, le conseil municipal
sollicite du département un crédit en raison de l’état financier de la
commune.
Le procès verbal de réception définitif est dressé par l’architecte
le 2 novembre 1876, approuvé par l’entrepreneur le 5 décembre, visé par la
sous préfecture le 15 décembre et par la préfecture le 20 janvier 1877.
L'architecte, Mr Bibard, a réalisé une belle construction symétrique
combinant le tuffeau et la brique. Les murs de fondation sont en grès. La jolie
toiture, un peu compliquée, est conçue pour que l'eau qui s'égoutte du toit
ne tombe pas devant la porte, ni devant les fenêtres de la façade. Au rez de
chaussée, de part et d'autre du couloir central, sont deux pièces communique
avec l'extérieur, au Sud, par deux portes. La cuisine est dotée d'un fourneau
potager. Au premier étage, deux chambres sont mansardées. Celle de l'Ouest
servait de salle de mairie. Après la construction du nouveau logement et de la
2è classe, la mairie a été transférée dans la salle Est du rez de chaussée.
La porte au Sud, a été transformée en fenêtre tandis qu'une porte était
percée à la place de la fenêtre du Nord.
Remerciements Photo / Mr Macraigne
Remerciements photo / Famille Clarke
A la salle de classe, un peu trop petite, bien exposée au sud, il ne
manquait guère qu'une cheminée. Le tuyau de poêle passait dans un trou percé
au-dessus de la porte Est. Plus tard on lui fera traverser la fenêtre Sud (côté
Ouest) jusqu'à ce qu'on construise en 1963 une cheminée extérieure en buses
de ciment. Au Sud étaient disposés symétriquement les cabinets d'aisances, précieux
et débarras. Entre la classe et le débarras, le minuscule jardinet séparait
la cour des garçons, à l'Est, de celle des filles à l'Ouest.
L’école sera pour la municipalité une nouvelle source de soucis, démarches
et dépenses. Il y a eu dépassement des dépenses par suite de la nature du sol
et de sa déclivité (terrassements et fondations plus importants que prévu) et
de divers oublis de l’architecte.
La commune ayant épuisé ses
ressources par la construction de l'école, ne peut assurer la gratuité absolue
de l'instruction primaire. Elle sollicite une subvention pour compléter le
traitement de son institutrice (2 février 1878). Elle demandera encore
humblement à la bienveillante administration de l'aider pour les réparations
et l'entretien de l'école : enduit blanc, tuyaux de poêle, marches manquantes
(15 février 1880) clôture (8 août). La bienveillante administration qui
semble un peu réticente est encore sollicitée pour la fondation et
l’entretien de la caisse des écoles (14 mai 1882) à l’époque où la loi
Jules Ferry rend l’école gratuite, laïque et obligatoire.
En 1893 le conseil municipal obtient une subvention pour achat d'un poêle.
En février 1897 le conseil municipal demande une aide financière pour repiquer
les murs de la classe, réparer le carrelage de la classe et réparer la
palissade devant la mairie école. Cette délibération est approuvée. La
classe est restaurée en 1898
Photo de 1898
En 1899, réparations des toitures de l'église et de la mairie école.
En février 1899, le conseil municipal a décidé la construction d'un panneau
destiné au placard des affiches afin d'éviter la détérioration des murs de
la mairie et le l'école communale
En juillet 1900, on demande une subvention pour réparer le toit de la
mairie école endommagé par le cyclone de février
Cahiers de devoirs d'Henri
Huberdeau de 1907 et 1908 / Source archives départementales
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Photo classe 1927
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Le 3 novembre 1929, le conseil municipal autorise Mlle Deschamps,
institutrice, à faire construire un hangar (pour son auto).
Anecdote / Journal local
Le 30 mai 1943, le maire soumet au conseil municipal un avis de Mr l'
Inspecteur d'Académie et du Préfet demandant de rendre la classe plus claire
en remplaçant les portes pleines par des portes fenêtres.
Le 26 octobre 1946, le maire soumet
au conseil municipal le projet de creuser un puit à l'école, qui se trouve dépourvue
d'eau potable. En 1950 une pompe à chapelet est fournie et installée par M.
Paillard de La Lande Chasles. Il faudra encore faire recreuser le puit en 1957.
Le 14 mai 1950, après examen de devis, le conseil municipal donne un
avis favorable à l'électrification des bâtiments communaux.
Quelques faits sont significatifs des difficultés financières de la
commune. En novembre 1945 le maire propose d'abattre un sapin situé sur le
chemin des Planches aux Rebellières pour le chauffage des classes.
Remerciements Fabrice Jameron
Construction d’une nouvelle école et logement
pour instituteurs.
Le 27 novembre 1954, le Maire
expose au conseil municipal qu'il y a lieu d'entreprendre d'urgence des travaux
d'agrandissement de l'école publique de la commune en raison de l'affluence des
enfants arrivant à l'âge scolaire. En effet la salle de classe est surchargée
et il sera impossible de faire face aux rentrées de Pâques et de septembre
1955. Il propose au conseil municipal de faire une demande d'inscription aux
grands travaux, Il y a 34 enfants d'âge scolaire en 1954. On prévoit 43 élèves
à la rentrée de 1955, 45 à celle de 1956, 46 à celle de 1957 et 1958.
Dès le 29 novembre 1954, le Maire, écrit à l'inspecteur départemental
de l'enseignement primaire, qui dans une lettre du 26 février 1955 conseille de
prendre une décision rapide et de désigner un architecte.
Le 3 mars 1955, le maire soumet au conseil municipal la nécessité de la
construction d'une classe et d'un logement pour les maîtres pour assurer dès
la rentrée d'octobre prochain des locaux suffisants pour les enfants d'âge
scolaire. Il demande au conseil municipal d'approuver le projet dans son
ensemble. Le conseil municipal adopte à l'unanimité les propositions présentées
par le maire. Le 17 septembre 1955, le conseil municipal accepte le devis.
Le projet de construction est daté du 28 septembre 1955. La demande de permis
de construire (du 4 octobre) est visée le 6 octobre par le service départemental
de l'urbanisme et de la reconstruction. L'avis favorable est donné le 20
janvier 1956.
Le marché de gré à gré est signé le 3 avril 1956 avec la maison
Bellati et fils de Saumur pour la maçonnerie, le béton armé, le carrelage et
le dalami (revêtement de sol ).
Le 6 décembre 1956 le gros œuvre est exécuté, ravalement extérieur,
plâtrerie, plomberie et électricité sont en cours. Le 5 novembre 1957 a lieu
la réception provisoire.
Remerciements à Mr Mouchet pour l'envoi de cet article
La réception définitive est prononcée le 21 mai
1959.
Tout cela ne donne qu'une faible idée de la quantité des démarches nécessitées
par cette construction.
Par la suite il a fallu meubler la classe neuve, remplacer le bureau du
maître, dans la classe ancienne (1961) y ajouter une armoire bibliothèque(1961),
compléter le matériel (projection fixe, baromètre, thermomètre, matériel
scientifique, cartes documents photographiques, électrophone, etc...).
Remerciements à Mr Mouchet pour l'envoi de cette photo
Il a été nécessaire de construire un garage (1961), de cimenter la
base des murs et le sol de la vieille classe dont le carrelage était en mauvais
état malgré le remplacement en 1945 de 50 carreaux (1962), de faire des cheminées
aux deux classes (1963), de mettre de la laine de verre au-dessus
de la classe neuve ou par les grands froids, l'encre n'était pas dégelé
dans les encriers à 10 heures (1965) d'installer des poêles à mazout dans la
classe neuve (1963) puis dans la vieille classe et la mairie (1969) en
remplacement des poêles
insuffisants et usés. En 1968 on a refait complètement la toiture et les
cheminées des vieux bâtiments. La plupart de ces dépenses ont été en partie ou
en totalité subventionnées
Hier et ... aujourd'hui
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